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Jour 7

Nous sommes samedi. J’ai rendez-vous à 10 h chez Multi-auto, loueur de voiture présent uniquement à Mayotte et la Réunion. Sauf que Multi-auto se trouve à Kaweni, au nord de Mamoudzou, à 30 km de Bandrélé. À Mayotte, les distances se parcourent sur des durées plus longues qu’en métropole, à fortiori quand on n’a pas de voiture.

En route pour la capitale

Comment faire pour me rendre dans le nord de l’île ? J’opte pour la solution recommandée par mon entreprise : passer par l’application de VTC. Sitôt mon petit-déjeuner pris, je commande un chauffeur sur Premium. Et j’attends. Les fois précédentes, je recevais un SMS pour me confirmer la prise en charge de ma demande. Là, rien. Alors, je me résigne à prendre un taxi. Je me rends dans le “centre-ville” et m’arrête près d’une place de parking à côté de laquelle se dresse un panneau “Taxis”.

J’attends, en espérant qu’un taxi daigne passer. Une voiture finit par ralentir et klaxonner.

« Taxi ? » me demande-t-on à travers la fenêtre de la portière baissée. « Oui ! » m’exclamé-je. Je monte sur le siège passager. Une personne se trouve déjà à l’arrière.

— Mamoudzou ? me demande le chauffeur.

— Heu, Kaweni ? tenté-je.

— Il faudra prendre un autre taxi pour Kaweni.

Bon, c’est mieux que rien.

En chemin, nous prenons une quatrième personne.

Arrivés dans la capitale, le chauffeur dépose les passagers dans différents endroits. Je suis le dernier dans la voiture. Il m’emmène jusqu’à la barge. Un peu plus loin, on aperçoit les voitures qui avancent à vitesse d’escargots vers Kaweni. Je comprends mieux pourquoi il refusait de se rendre là-bas. Je paye le chauffeur et je descends. J’apprendrai plus tard que ce n’était sans doute pas un véritable taxi, pas plus que ne l’était celui que j’avais pris de Chirongui à Bandrélé la veille. Aucun des deux n’avaient de plaque de taxi, et même s’ils en avaient eu une, les faux taxis (c’est-à-dire : n’ayant pas de licence) ne sont pas rares sur l’île.

Je sors mon téléphone et regarde l’itinéraire pour aller chez Multi-Auto : 15 minutes à pied et 13 en voiture. Bon, j’irai à pied, ce sera plus simple. Les embouteillages sont tels qu’à certains moments, je dépasse certaines voitures.

J’arrive à peu près à l’heure prévue chez le loueur. Une demi-heure plus tard, je récupère ma voiture, une Kia Rio. Cette dernière se conduit mieux que la Sandero. Le trajet retour vers Bandrélé est plus rapide : les bouchons n’étaient que dans le sens aller.

N'Gouja a une dent contre moi

L’après-midi, je commence réellement mon break et je me rends sur la plage de N’Gouja, sur la côte ouest de l’île. D’après Boura, il s’agit du site à ne pas manquer. Avant de partir, j’en parle à Lise qui me prête des palmes, un masque et un tuba, l’équipement pour faire du snorkeling et apercevoir les tortues.

Arrivé sur place, je m’installe. La plage est déjà remplie de touristes, locaux ou métropolitains. Je me change et vais me baigner. Lorsque je reviens, je décide de passer à l’étape suivante : je chausse mes palmes et me saisis du masque, auquel est fixé le tuba. Je me rends compte rapidement que je n’aurai sans doute pas dû enfiler les palmes tout de suite. Avec ma démarche de canard, j’ai l’impression d’être le personnage d’un film comique. Arrivé dans l’eau, c’est encore pire. Je finis par retirer les palmes et avancer plus loin, pieds nus, palmes à la main et masque sur le front. Lorsque le niveau de l’eau m’arrive à la taille, je retente l’expérience. La situation n’est pas idéale, je perds l’équilibre et lutte pour rester debout. Avec les palmes, mes pieds sont comme immobilisés sur le sol sablonneux. Je fais avec.

J’ajuste à présent mon masque, et introduit l’embout du tuba dans ma bouche. La respiration est difficile. Je plonge la tête sous l’eau. J’ai l’impression ne de plus pouvoir respirer. Le snorkeling, ce n’est vraiment pas pour moi. Je retire mon équipement et reviens sur la plage.

L’une des tortues que je n’aurai finalement pas vues (CC-By-Sa Frédéric Ducarme)

Je dépose mes affaires pour les faire sécher et je m’étends sur ma serviette pour sécher à mon tour. J’enfile mes lunettes de soleil et finis par fermer les yeux afin d’éviter l’éblouissement. Il se passe un certain temps avant qu’un événement inattendu survienne. Je suis brusquement « réveillé » par une vague qui a réussi à atteindre mon coin de plage. Autour de moi, mes voisins avaient anticipé et retiré leurs affaires. Moi, je suis à nouveau trempé, ainsi que ma serviette, et mes palmes sont en train de suivre le mouvement de la vague qui se retire vers la mer. Je cours à leur poursuite et les rattrape.

Je remonte plus haut et tente de débarrasser ma serviette du sable désormais bien collé dessus. Je dois l’essorer à plusieurs reprises. Je finis par tout ranger et par me mettre en quête d’un autre coin de plage. Je trouve l’endroit idéal. J’ai pourtant manqué par deux fois d’être de nouveau surpris par une vague sournoise, mais ma vigilance était désormais à son niveau maximal. Avec l’aide du soleil, je réussis à retirer tout le sable de ma serviette et de la plupart de mes affaires. Je me rince un dernière fois dans l’eau, me sèche avec ma serviette désormais propre et repart vers ma voiture.

Cet après-midi à la plage aura été mouvementé, mais je comptais bien profiter de ce que Mayotte avait encore à m’offrir. Le lendemain, j’étais bien décidé à faire du kayak.

La plage de N’Gouja (CC-By-Sa Frédéric Ducarme)

Jour 8

Je décide d’aller faire du kayak sur la plage de Sakouli, située non loin de Bandrélé. L’hôtel du coin propose la location de kayak avec une formule incluant le pique-nique. 27 € sur leur site web. Déterminé, et après avoir pris des conseils auprès d’Abdallah, je me rends sur place. Je constate que les prix ont sacrément augmenté : on est passé à 31 €. Je demande quand même. « Ce n’est possible qu’à partir de 13h, me répond-on. Pour le moment, c’est encore la marée basse. »

Le pêcheur qui marchait sur l'eau

Pour éviter d’être venu pour rien, je décide de profiter un peu de la plage, qui, il est vrai, est très belle, et encore peu fréquentée à cette heure. Je m’y installe. Puis je m’avance vers l’eau. J’y trempe les pieds et seulement les pieds puisque le sol reste plat et est rapidement recouvert de coraux, ce qui rend la marche difficile et potentiellement douloureuse. Je reviens sur ma serviette de plage pour sécher. Je sors lunettes de soleil, casquette et crème solaire. Plus loin, sur le sable, des chiens jouent avec un crabe (vivant), au désespoir de leurs maitres respectifs qui tentent de les en empêcher.

Le temps passe et le sable me colle toujours à la peau. Je regarde l’heure : 11 h 20. Je ne sais pas si je reste là pour déjeuner et enchainer sur l’excursion en kayak, ou bien si je rentrer manger à Bandrélé en passant par ma chambre pour me laver.

J’entends des enfants crier : “C’est trop bien ! La marée est tellement basse que l’on peut marcher dans l’eau jusqu’au tombant !” Je me souviens alors de la configuration particulière des lieux évoquée par la propriétaire de ma chambre d’hôtes : le rivage de Mayotte est plat sur quelques mètres, voire kilomètres, avant de s’effondrer brusquement, en ce que ressemblerait à une fosse abyssale, toutes proportions gardées. Quelques minutes plus tard, j’enfilai mes chaussures de surf et marchait vers l’océan.

J’ai bien dû marcher pendant plusieurs centaines de mètres en ayant les genoux dans l’eau. Quelques dizaines de mètres plus loin, une embarcation flottait, immobile, tandis qu’un homme, habillé, était en train de pêcher, les pieds dans l’eau. La scène avait l’air complètement surréaliste. L’homme était sur la limite du plateau de corail. La couleur de l’eau changeait brusquement ensuite. Du fond clair et transparent, on passait à des eaux profondes et obscures. Légèrement angoissant. Je m’avance un peu plus et réussis — enfin — à m’immerger le corps entier et nager un peu. Puis je reviens sur le plateau, mais mes jambes heurtent les coraux qui croissent anarchiquement. Je sens mes genoux s’écorcher à plusieurs reprises. Je parviens à retrouver l’équilibre et un semblant de sol plat. Je fais demi-tour en marchant vers la plage, l’eau jusqu’aux genoux, qui nettoie mes plaies. En chemin, je croise à quelques mètres du rivage les enfants qui m’avaient donné cette idée tout à l’heure. Ils avancent lentement… je crains qu’ils n’arriveront jamais à destination. Je me demande même comment ils ont pu aller si loin pieds nus.

Je sors enfin complètement de l’eau, tout nettoyé du sable qui collait à ma peau. Je m’éponge avec ma serviette, puis range mes affaires. Je décidai de rentrer dans ma chambre pour nettoyer et panser mes blessures.

La plage de Sakouli (CC-By-Sa Frédéric Ducarme)

Le midi, je déjeunai sur la Musikal Plage, située juste à côté de mon logement. Ce 1er septembre, une fête y était organisée. Animations pour enfants et divers stands associatifs étaient au rendez-vous. Je commande une assiette de brochettes de viande, accompagné de salade de carottes rapées/concombres et bananes frites. Je marche le long de la plage le temps de manger ce copieux (comme d’habitude) repas.

Kayak ou pas kayak ?

En rentrant dans ma chambre, mes jambes et mes pieds me fond toujours souffrir. Je me rends compte que j’ai attrapé un coup de soleil sur le pied gauche. Voilà un endroit que je n’avais pas pensé à recouvrir de crème solaire… Le kayak attendra demain.

Je profite de l’après-midi pour écrire un peu, plonger dans la piscine et lire sur ma liseuse allongé sur un transat. Je ne reste pas longtemps dehors. Le soleil, bien que déclinant, me brûle. Je me rends compte que j’avais en fait attrapé un coup de soleil sur le reste du corps, bien que moindre comparé à mon pied gauche. Je me revois en train de préparer ma valise, une semaine plus tôt : « Dois-je emporter la Biafine ? Non, pas la peine, avec la crème solaire que j’ai, je n’en aurai pas besoin. » Finalement, j’aurais dû.

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